SPiRitus S'entRetient avec
Martine Monteau
SPiRitus : Vous souvenez-vous de votre première rencontre de lectrice avec la poésie de Saint-Pol-Roux ? Quel était le titre de l'oeuvre, du poème, etc. ? Connaissiez-vous déjà, avant cette première lecture, son nom, son histoire, sa légende ? Si oui, comment ?[La poésie découverte à sept ans par un cousin poète et dans sa bibliothèque, lui a permis d'accepter le monde. La révélation fut Dante : la Divine comédie lue enfant, et l'Anthologie des troubadours d'André Marie. Lectrice attentive des poètes, elle écrit (publie très peu dans les revues). Martine Monteau publie sur la peinture et l'estampe. Elle travaille à la bibliothèque nationale.]
Martine Monteau : J'ai appris son nom par une Chanson de Ferrat... Puis sa dernière année tragique... Je l'ai retrouvé dans le sillage des Cahiers du Sud, à Marseille. Puis ma rencontre avec Marcou Ballard (début des années 1980). Allé sur sa trace à Saint-Henry (Marseille).
SPiR. : Qu'avez-vous éprouvé au cours de cette lecture ?
Martine Monteau : Un enchantement. Lectrice des troubadours j'avais l'impression de lire leur ancêtre, barde.
SPiR. : A ce jour, qu'avez-vous lu de son oeuvre ? Quels sont les titres qui figurent dans votre bibliothèque personnelle ? Dans quelle édition, etc. ?
Martine Monteau : La Répoétique, la trilogie [des Reposoirs] chez Rougerie et d'autres chez cet éditeur.
SPiR. : Quels sont, parmi ses ouvrages (parutions posthumes comprises), ceux que vous préférez ? Sauriez-vous dire pourquoi ?
Martine Monteau : C'est plutôt une atmosphère d'ensemble : de l'oxygène pur...
SPiR. : Pouvez-vous citer, pour les visiteurs du blog, quelques vers ou lignes de votre volume préféré ?
Martine Monteau : Tous. Mais pas tout. Il y a des passages très forts, d'autres moins prenants.
SPiR. : Quelle première oeuvre conseilleriez-vous à un jeune homme ou à une jeune fille qui voudrait découvrir Saint-Pol-Roux ?
Martine Monteau : Oser partir seul à la découverte...
SPiR. : Pouvez-vous nous raconter une anecdote personnelle, de lecture, de recherche, de chine, ou autre, où Saint-Pol-Roux joue un rôle important ?
Martine Monteau : Lors d'une exposition sur S. PARADJANOV, chez Marie Jouannic, Poésie dans un jardin à Avignon, je parlais de Sayat Nova à l'étudiante qui tenait la librairie et nous en sommes arrivés à Saint-Pol-Roux : je lui ai prêté les volumes que j'avais. Lorsqu'elle me les a rendus elle m'a demandé de les lui laisser, et devant son émotion sincère à cette lecture je lui ai donné ces livres.
SPiR. : Comment définiriez-vous sa poésie ? Vous semble-t-elle "datée" ?
Martine Monteau : Intemporelle. Elle semble être celle d'un initié aux mystères antiques, à la tradition des aèdes-vatès-bardes, à la leçon d'un Boehme et Paracelse... Elle touche au "sacré" des sources...
SPiR. : Pensez-vous que son oeuvre a pu influencer certains des mouvements du XXe siècle poétique ? Lesquels ? Dans quelle mesure ?
Martine Monteau : André Breton y fut sensible. Un J. Supervielle ? Lanza del Vasto sûrement.
SPiR. : Comment expliquez-vous le relatif silence qui entoure actuellement son oeuvre ?
Martine Monteau : Sa voix est inaudible au matérialisme contemporain... Il n'est pas le seul poète hélas au château du silence...
SPiR. : Faites le "portrait chinois" du Magnifique.
Martine Monteau : 1. un animal : l'hippocampe. - 2. un végétal : la violette. - 3. une pierre (semi)précieuse : la pierre philosophale. - 4. un objet : un alambic. - 5. un moyen de locomotion : un vaisseau spatial. - 6. un lieu : Camaret. - 7. une couleur : ambre. - 8. un parfum : lavande. - 9. un être mythologique : Merlin l'Enchanteur (ou Orphée). - 10. une heure du jour : l'aube. - 11. un événement historique : l'invention du langage. - 12. un péché capital : le luxe. - 13. un sentiment : l'empathie. - 14. un artiste : Nicolas Poussin. - 15. un vers : "M'illmino / d'immenso" (Ungaretti).
SPiR. : Pour finir, à quelle question sur le poète ou son oeuvre, non posée ici, auriez-vous aimé répondre ? Répondez-y.
Martine Monteau : Saint-Pol-Roux est une sorte de Tibet qui nous est spirituellement nécessaire. De l'ordre du menhir ou des espèces fragiles menacées. Je pense que bien des pépites de l'or du temps sont cachées dans son oeuvre. C'est un poète à toujours découvrir. Tel le secret caché, révélé de la nature.
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