SPiRitus S'entRetient avec
Bruno Leclercq
[Zeb de Livrenblog, amateur d'histoire littéraire, chineur, collectionneur, acheteur et vendeur de livres]
SPiRitus : Vous souvenez-vous de votre première rencontre de lecteur avec la poésie de Saint-Pol-Roux ? Quel était le titre de l'oeuvre, du poème, etc. ? Connaissiez-vous déjà, avant cette première lecture, son nom, son histoire, sa légende ?
Bruno Leclercq : Ma première rencontre avec Saint-Pol-Roux c'est à Gourmont et à son Livre des Masques que je la dois. Ma première lecture est sans doute celle de La Dame à la faulx. Sa légende : le titre rosicrucien de Magnifique, le scandale "Rachilde" du banquet, son influence sur Breton et le surréalisme, son travail de "ghostwriter" pour Louise de Charpentier, le manoir de Camaret et sa fille Divine... Toutes ces histoires et la réputation d'un poète fortement original étaient arrivées jusqu'à moi par la lecture des souvenirs des uns et des autres, par les essais de Royère ou les écrits de Théophile Briant.
SPiR. : Qu'avez-vous éprouvé au cours de cette lecture ?
Bruno L. : La sensation de découvrir un poète unique, une oeuvre complètement originale, à saisir dans son ensemble et dans sa progression, le contraire d'un poète d'anthologie. La sensation qu'avec lui s'ouvre un monde à explorer, une oeuvre à déchiffrer.
SPiR. : A ce jour, qu'avez-vous lu de son oeuvre ? Quels sont les titres qui figurent dans votre bibliothèque personnelle ? Dans quelle édition, etc. ?
Bruno L. : La Dame à la Faulx, La rose et les épines du chemin 1885-1900 (Les Reposoirs de la procession I), sont les deux premiers volumes trouvés aux éditions du Mercure de France, puis au hasard des trouvailles quelques volumes aux éditions Rougerie, Cinéma Vivant, La Répoétique...
SPiR. : Quels sont, parmi ses ouvrages (parutions posthumes comprises), ceux que vous préférez ? Sauriez-vous dire pourquoi ?
Bruno L. : La Dame à la Faulx, bien que je ne sois pas féru de théâtre et parce qu'il me semble difficile de mettre en avant un titre dans ses recueils poétiques.
SPiR. : Pouvez-vous citer, pour les visiteurs du blog, quelques vers ou lignes de votre volume préféré ?
Bruno L. : "Poètes, la poésie s'étiole de fabriquer des chaussons de lisière, fussent-ils de vair ou de diamant."
SPiR. : Quelle première oeuvre conseilleriez-vous à un jeune homme ou à une jeune fille qui voudrait découvrir Saint-Pol-Roux ?
Bruno L. : Laissons-les découvrir par eux-mêmes. L'important est que le nom de Saint-Pol-Roux soit arrivé jusqu'à eux, qu'ils fassent leur chemin comme nous avons fait le nôtre.
SPiR. : Pouvez-vous nous raconter une anecdote personnelle, de lecture, de recherche, de chine, ou autre, où Saint-Pol-Roux joue un rôle important ?
Bruno L. : Dans ma quête de chineur invétéré, trouver une édition ancienne de Saint-Pol-Roux reste un événement, et une joie, toujours trop rare.
SPiR. : Comment définiriez-vous sa poésie ? Vous semble-t-elle "datée" ?
Bruno L. : Illisible, datée... On entend trop souvent ces commentaires à propos des oeuvres un peu ardues, un bon moyen de se dédouaner de les lire. Datée ? La poésie de Saint-Pol-Roux l'est moins que celle de nombreux "symbolistes", pas plus "datée" que le Surréalisme ou Dada, toujours considérés comme théories d'avant-garde et pourtant centenaires, déjà. Définir sa poésie, n'est-ce pas définir la poésie ? Une quête d'absolue ?
SPiR. : Pensez-vous que son oeuvre a pu influencer certains des mouvements du XXe siècle poétique ? Lesquels ? Dans quelle mesure ?
Bruno L. : Un certain Mikaël Lugan répondrait mieux à cette question que moi-même. Une réflexion, pourtant : j'ai pu constater l'aura dont dispose Saint-Pol-Roux auprès des lecteurs d'Apollinaire, de Max Jacob ou des amateurs de poésie surréaliste, l'importance accordée à son rôle fantasmé ou réel de précurseur.
SPiR. : Comment expliquez-vous le relatif silence qui entoure actuellement son oeuvre ?
Bruno L. : Il ne me semble ni plus ni moins important que le silence entourant la poésie en général : un silence relatif...
SPiR. : Faites le "portrait chinois" du Magnifique.
Bruno L. : Désolé, seule l'amitié a été capable de me pousser à produire les quelques lignes qui précèdent, mais le portrait chinois est au-dessus de mes forces.
SPiR. : Pour finir, à quelle question sur le poète ou son oeuvre, non posée ici, auriez-vous aimé répondre ? Répondez-y.
Bruno L. : Faire la question et la réponse ? Je laisse ça aux politiques.
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