samedi 27 décembre 2008

La "Mallarmé" dans ses meubles et dans les urnes...

Malgré les flottements et les valses-hésitations, la mayonnaise académique prit assez rapidement. Les commentateurs s'y intéressèrent, ironiquement parfois ; on suivit de près l'évolution de cette nouvelle académie, qui devait jouer des coudes pour faire sa place entre la "Française" et la "Goncourt". On ne manqua ni ses premiers mots, ni ses premiers pas, ni ses premières chutes ou ses premiers succès.

Dans les jours qui suivirent sa fondation, la "Mallarmé" gagna un siège officiel dans l'enceinte de la Bibliothèque Nationale, et les onze devaient préparer déjà des élections pour compléter le Quinze de poètes. C'est ce que nous apprend le Figaro du 27 février 1937.

L'ACADEMIE MALLARME
A LA
BIBLIOTHEQUE NATIONALE

La protection ministérielle
Le ministre de l'éducation nationale a été timide.

M. Jean Zay n'est pas un Richelieu mais a tout de même déposé son petit cadeau dans le berceau de l'Académie Mallarmé : la jeune compagnie des poètes septuagénaires aura son siège officiel à la Bibliothèque nationale. Cela s'est fait sur la proposition de M. Julien Cain et voilà, du même coup, l'Académie Mallarmé introduite - si petite que soit la porte - au rang des institutions.

En restera-t-on là ? Auquel cas la France n'aura jamais la rayonnante Académie des poètes qu'on lui souhaite.
Il y faut des honneurs, de l'or, des rubans.

Un ministre a tous ces biens dans ses tiroirs. Qu'une dotation soit prise annuellement sur le budget, qui y trouverait à redire ? La République se doit d'apporter aux poètes une juste compensation aux malheurs qu'elle leur a créés en supprimant la royauté, la cassette royale et les princes protecteurs.

Enfin qu'on songe aux ressources de l'ordre de la Légion d'honneur. S'il est entendu qu'il n'y aura pas moins que "le macaron" pour un membre de l'Académie Mallarmé, les ambitions prendront de la vigueur.
L'épreuve des élections
- Pourquoi pas moi ? Je ne crois pas avoir fait de plus mauvais vers que X... ou Z...

On dit cela avec une assurance polie d'être la seule étoile qui compte au firmament. Ah ! les poètes sont bien agités par la naissance de l'Académie Mallarmé !

La critique étincelle chez les allaités des Muses :

- Des "copains" de Dujardin, voilà ce qu'est cette Académie !... Et Gide, un poète illustre, n'est-ce pas ?

Ce sont les Godeau, les Gombauld, les Giry, les Malleville, les Habert qui se réunissaient en 1630 rue des Vieilles-Etuves : la fortune de l'Académie française en a-t-elle été moins belle ?

Deux ou trois poètes sont parmi les plus torturés. Il y a des alternatives vraiment cruelles. Ils aspirent depuis longtemps à un fauteuil sous la Coupole. Mais, n'est-ce pas ? espérer et tenir font deux... Ne vaudrait-il pas mieux se contenter des lauriers de la Bibliothèque nationale ? Mais, en ce cas, adieu l'habit vert, car les Quarante risquent de se montrer ombrageux !

Ce n'est gai, la recherche des honneurs.
***
L'Académie Mallarmé procèdera, à l'automne, aux quatre élections qui doivent la compléter.

Ce sera son épreuve cruciale.

Si elle cède à la camaraderie, elle aura droit à l'auréole d'un groupe d'habitués dans un café de Saint-Germain-des-Prés.

Les poètes ne manquent pas, qui sont dignes de la lavallière mallarméenne : Léon-Paul Fargue, Henry Michaud, Jean Cocteau, Patrice de La Tour du Pin, Philippe Chabaneix, Charles Maurras, Audiberti, Marie Noël, Jules Supervielle, Francis Carco, Benjamin Péret, François-Paul Alibert, etc...

Toutes les écoles et tous les âges.

Car c'est une hérésie que de souhaiter aux septuagénaires l'exclusivité de l'Académie. La raison la plus simple est toujours la meilleure : passe une épidémie de grippe, passe une rafale de mortalité... et la compagnie risque de s'éteindre.
Certes, et on imagine la belle ambiance en une académie improbable qui aurait assis à la même table, chez Drouant, Michaux, Maurras, Péret et Cocteau... Diantre, ça aurait été un banquet Saint-Pol-Roux à chaque repas !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Saint Pol Roux, un immense talent, ha je cherche une strophe ou il parlait d'amour, mais il en a tellement écrit, pas grave je vais encore chercher, très beau blog en tout cas, je vais de découvertes en découvertes via blog it