lundi 29 décembre 2008

Homériques, Rousseauistes, Hugoliens, Mallarméens, Jarryques, et Saint-Pol-... ?

L'excellent Jean-Claude Morisod me demandait, il y a quelques jours, dans l'un de ses derniers courriels, comment se déclinait, grammaticalement parlant, Saint-Pol-Roux ? C'est une question que, bien évidemment, en tant que chercheur amené à articuler et conférencer sur le poète, et fort soucieux d'économiser de disgracieuses répétitions, je me suis posé. Sans y avoir jamais répondu, cependant, sinon par une pirouette syntaxique. En effet, j'ai toujours contourné le problème en remplaçant l'adjectif dérivé du nom propre, Saint-Pol-Roux, que tout amateur de littérature critique est en droit d'attendre, par le moins acrobatique et plus rassurant groupe prépositionnel : "de Saint-Pol-Roux" ; mais il m'est toutefois arrivé de pousser le goût de l'aventure lexicographique jusqu'à user des adjectifs "magnifique" et "idéoréaliste" pour incarner tel ou tel substantif.

En vérité, je n'ai guère été convaincu jusqu'ici par les différents adjectifs qui ont été avancés ou dont se sont servis les commentateurs et critiques. Soit parce que, comme on dit en Espagne, "suenan mal" et, conséquemment, écorchent l'oreille ; soit parce qu'ils produisent de la confusion. Dans la première catégorie, relevons les "saint-pol-rouxiens" ou les "pol-rouxiens" culs-de-jatte ; dans la seconde, le "saint-polien" décapité dont le chef enflammé roule vers Damas.

La dérivation semble difficile pour deux raisons morphologiques : la longueur du nom propre et sa structure composée d'abord, sa dernière syllabe en "roux" enfin, qui, dans nos cerveaux modernes, induit "rouquin". A ma connaissance, il n'existe pas d'autre nom de personne présentant cette configuration ; un nom de ville, néanmoins, s'en approche. C'est "Châteauroux" : trois syllabes et la dernière posant la même difficulté. Or, ses habitants sont les Castelroussins. Voilà qui pourrait conduire au plus naturel et logique des adjectifs dérivés de Saint-Pol-Roux : l'adjectif saint-pol-roussin.

Pourquoi ne suis-je pourtant toujours pas convaincu ? Et vous, chers lecteurs, amateurs ou non de linguistique, qu'en pensez-vous ? Faites vos propositions, vos remarques, en commentaires ou par courriels postés à harcoland@gmail.com. Je ne manquerai pas de les publier. A suivre...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Etant donné que l'on peut éliminer le "Saint" (comme sulpicien, à partir de Saint-Sulpice), et que "Roux" est déjà un adjectif, je propose "paulroux" et son féminin, "paulrousse": "la prose paulrousse est magnifique".