En plus de sa rareté et de son originalité, cette photographie présente un indéniable intérêt littéraire et artistique. Car il servit de modèle au masque dessiné par Vallotton pour illustrer le portrait symboliste que fit Remy de Gourmont de Saint-Pol-Roux pour son Livre des Masques (Mercure de France, Paris, 1896). On sait que le peintre travailla peu d'après nature, en faisant poser son modèle (ce fut le cas pour Schwob), et qu'il préféra faire appel à sa mémoire (Mallarmé et Fénéon) ou user de représentations dont il n'était pas l'auteur : dessins, bustes (Claudel) ou photographies. C'est Gourmont lui-même qui, la plupart du temps, lui fournissait ces dernières. Daniel Grojnowski, dans sa présentation d'une réédition récente chez Manucius, cite une lettre de l'écrivain à Vallotton qui nous fournit un bon exemple de leur collaboration :
"Ci-joint Retté et un croquis assez ressemblant, - mais l'oeil est SOURIANT, ironique ou gouailleur, quoique bon enfant - et non pas fixe."
Saint-Pol-Roux envoya-t-il à Gourmont, qui le lui avait demandé, son portrait ? Ou l'avait-il déjà fait spontanément quelques mois plus tôt ? A moins que l'éminence grise de la rue de l'Echaudé l'empruntât, simplement, à Vallette... Et voici que je me prends à rêver follement... mes empreintes se superposant à celles du Magnifique, d'Alfred Vallette, de Remy de Gourmont et de Félix Vallotton...
1 commentaire:
Le rêve de tout chercheur: trouver un portrait inédit de l'auteur sur lequel il travaille! En plus de sa qualité, celui-ci confirme ce que j'avais cru voir sur le portrait qui orne les Reposoirs: un léger strabisme convergent!
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