CHAPITRE II. - LE PROCES DU MONDE REEL
"Le monde visible, qu'est-ce en vérité ?"
Ce monde qu'à la place de l'ancien nous entendons faire nôtre... Les surréalistes rejoignent Saint-Pol-Roux dans la critique de la réalité; ils y retrouvent également la plupart des poètes symbolistes : même dénonciation du positivisme, de la science envahissant et rationalisant à l'excès le domaine sensible, même refus de la fatalité historique et du matérialisme pur. Mais là où d'autres, à la suite de Mallarmé, se proposent de fuir dans une construction solipsiste d'un univers idéal qui est aussi défaite de la vie, Saint-Pol-Roux et, à sa suite, les surréalistes, choisissent de transformer ce monde-ci et de le modeler selon leur désir. On l'a vu lorsqu'il a été question de l'image, pour le Magnifique, opérer une transformation du langage, agir sur lui, c'est aussi modifier la réalité, révéler des propriétés qui y demeuraient cachées. Dire "mamelle de cristal" n'appelle pas la représentation mentale d'une carafe, mais bien celle d'une mamelle de cristal.
Le mot et la chose sont liés et, de fait, le langage et la qualité de l'univers sont tributaires l'un de l'autre. "La médiocrité de notre univers ne dépend-elle pas essentiellement de notre pouvoir d'énonciation ? [...] Qu'est-ce qui me retient de brouiller l'ordre des mots, d'attenter de cette manière à l'existence toute apparente des choses !(24)" se demande Breton. Et, effectivement, puisque la poésie se doit de produire de nouveaux rapports entre les éléments du réel, elle seule peut combler les béances creusées dans la réalité et ainsi la restaurer dans son unité. Tel est le constat, réminiscence probable des "Correspondances" de Baudelaire, que fait Saint-Pol-Roux dans son "liminaire" de 1893 :
"Le monde des choses, hormis telles concessions générales de primitivité, me semble l'enseigne inadéquate du monde des idées; l'homme me paraît n'habiter qu'une féerie d'indices vagues, de légers prétextes, de provocations timides, d'affinités lointaines, d'énigmes.[...] Cette formidable Isis, dont la soudaine intensité ferait mourir, s'édulcore par d'innocents reliefs et dégage d'enfantins phénomènes à l'usage de la poussive aperception et du malingre entendement de l'homme peureux, - et voici l'univers sensible : bénigne aumône de l'apocalypse latente.(25)"
Et ce constat d'un monde lacunaire, à déchiffrer, sera repris, des années plus tard, dans des termes analogues par Henri Michaux qui écrit : "Il suffit d'être l'élu, d'avoir gardé soi-même la conscience de vivre dans un monde d'énigmes auquel c'est en énigmes aussi qu'il convient le mieux de répondre"; et par André Breton, pour qui la vie quotidienne, architecture labyrinthique de signes, est une forêt d'indices(26).
L'inadéquation du monde, pour Saint-Pol-Roux, provient de ce que l'homme, après des siècles d'empire de la raison, s'est détourné de son origine en entrant dans l'histoire et a ainsi créé une brèche qui le sépare de la Beauté, Beauté dont on sait depuis Goethe qu'elle est synonyme de Vérité. Aussi, "le poète démêle, cherche ce qui respire à peine sous les décombres et le ramène à la surface de la vie(27)". Car finalement, ce que critique le Magnifique, ce que critiqueront Breton et ses amis, ce n'est pas, comme la dérive sémantique de l'adjectif "surréaliste" le laisse actuellement penser, la réalité en elle-même, mais une certaine conception achevée du réel qui semble prendre ses racines dans deux traditions non exclusives : le christianisme teinté de néo-platonisme d'abord, pour lequel il existe deux mondes irrémédiablement séparés, un monde transitoire, l'ici-bas, lieu d'égarement qui ne présenterait que quelques traces perceptibles de l'au-delà, second monde, supérieur et éternel, que l'homme recouvre après sa mort; le rationalisme, ensuite, selon lequel l'être humain se doit d'établir un ensemble de rapports logiques - souvent utilitaires - entre les différents éléments qui composent son univers, procédant par système et en excluant tout ce qui échappe à la raison. D'après ces deux conceptions, l'orgueil poétique, tel qu'il peut se manifester chez Saint-Pol-Roux et ses successeurs est condamnable.
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Pour ces derniers, l'idéoréalité et la surréalité ne sont que l'expression d'une réalité débarrassée des scories de la perception commune, d'une réalité totale qui prenne en compte non seulement ce qui est, mais également ce qui était et ce qui sera, ce qui en est repoussé comme ce qui est désiré. On se souvient de la phrase du Second Manifeste du Surréalisme :
"Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, cessent d'être perçus contradictoirement. Or c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point.(28)"
La poésie idéoréaliste de Saint-Pol-Roux n'a pas d'autre ambition. La résolution des contraires perceptible au niveau microstructurel de l'image se retrouve thématiquement dans l'oeuvre entière du poète; par exemple, la confrontation entre deux âges extrêmes d'une même vie, entre le passé et le futur, en l'espèce d'un jeune homme et d'un vieillard, telle qu'elle peut être représentée dans le monodrame des Personnages de l'individu, édité en 1894, donne ainsi naissance à un troisième terme, le fantôme, qui est négation du déroulement historique et affirmation d'une éternité possible :
"Simultanément nous formons une trinité dont n'existe, à vrai dire, que la substance médiale, révèle le spectre, substance flétrie mais en laquelle ne permane pas moins un souvenir de perfection. Oui, seule elle vit réellement, car vous hantez de périssables annexes tandis que, si moindrement d'ailleurs que ce soit et si peu même que je survive à ma dignité morale, j'habite cette banquise détachée de l'éternité, - le présent.(29)"
C'est à une image similaire que, au début de Nadja, Breton fait appel : "La représentation que j'ai du fantôme (...) vaut avant tout, pour moi, comme image finie d'un tourment qui peut être éternel(30)". Il est juste d'y voir, à la suite de Michel Carrouges, une formulation surréaliste du désir de "découvrir au fond de l'être humain un domaine mystérieux par lequel il communique sans solution de continuité avec le point suprême(31)". Et ce point n'est évidemment pas à rechercher à l'extérieur; il est un point de l'esprit, c'est-à-dire que la quête surréaliste, comme la quête idéoréaliste, s'avère d'abord intérieure. Il s'agit de questionner le sujet - se demander qui je suis ou qui je hante revient au même - pour que la réalité partielle se transforme en réalité totale, en surréalité. La poésie constitue pour Saint-Pol-Roux la manifestation concrète, sensible de ce lieu interne, disons l'inconscient, qui recèle encore le secret des origines et que le poète se doit de restituer au monde, à des fins de regénéresence. Voici comment, dans un article intitulé "Sur le sable de Camaret", il définit l'objectif poétique qu'il s'est fixé :
"A nos lignes spontanées d'écarter, sinon de briser, les lignes surannées, pour peu à peu les désimmuabiliser, et pour enfin les désorganiser de toute l'organisation des nôtres, usurpatrices, à moins qu'elles n'aient, ces nôtres, fixé leur armature de lumière à même un lieu sublime d'où l'abîme recevra la splendide coulée.(32)"
L'intense flux verbal qui caractérise l'oeuvre de Saint-Pol-Roux impose donc un nouvel ordre qui se substitue au premier. Cette organisation inédite nie la dégradation historique dans la mesure où elle n'est que la résurgence d'un univers antérieur, préexistant à l'histoire. Aussi, le poète cherche-t-il une issue à la temporalité :
"La résultante où vont les poètes est la résultante d'où ils viennent; partis d'un point, ils y retourneront après leur tour d'existence humaine. Ils quittèrent la Beauté au sortir de la Vie Antérieure et la retrouveront aux rentrées de la Vie Future, à moins qu'à la suite des siècles leurs dévouements solidaires ne l'aient réalisée ici-bas. S'il en était ainsi, la Vie Future serait un ici-bas où la Beauté serait sensible, - et notre monde aurait fin sans fin-du-monde saisissable.(33)"
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Naturellement alors, ce lieu sublime se confond avec l'image pré-historique, mythique de l'Eden. Cependant, la référence n'est pas à prendre dans son acception judéo-chrétienne. J'ai déjà dit que, pour cette classe de poètes dont Saint-Pol-Roux, puis les surréalistes, sont peut-être les derniers hérauts, le dogme du péché originel ne possède aucun fondement moral. L'image du paradis perdu fonctionne plutôt comme représentation mythique d'un état de l'humanité non soumis au dépérissement, où l'homme se distingue pas des autres êtres, où sujet et objet ne sont pas dissociés. Le but du poète n'est donc pas simplement d'imaginer ce que lui promet la religion et de célébrer un monde inaccessible mais d'en susciter la présence à travers les traces, les "indices vagues" qui demeurent ici-bas. "Est-il vrai que l'au-delà, tout l'au-delà soit dans cette vie ?(34)" interroge Breton à la fin de Nadja. Le recours final au mythe, comme l'image du fantôme qui ouvrait le récit, contribue à déplacer le sacré du haut vers le bas, de l'abstrait au concret. Le projet idéoréaliste se propose de ramener "à la surface de la vie" les idées enfermées dans les choses pour recomposer la Beauté primordiale, quand l'ambition surréaliste est d'élaborer un monde merveilleux à partir des signes manifestés dans la vie quotidienne. Si le vocabulaire diffère, l'objectif est identique. D'ailleurs, puisque "le merveilleux est toujours beau, [que] n'importe quel merveilleux est beau, [qu'il] n'y a même que le merveilleux qui soit beau(35)", il faut considérer celui-ci comme la manifestation de l'idée de Beauté.
Et un même motif de la quête se retrouve également pour désigner les deux trajets poétiques. Selon Breton :
"La route à suivre n'est, de toute évidence, pas celle qui est bordée de garde-fous et [...] chaque artiste doit reprendre seul la poursuite de la Toison d'or.(36)"
Quand pour Saint-Pol-Roux :
"Les Magnifiques, argonautes de la Beauté, iront chercher la Toison Divine dans la Colchide de la Vérité. Ils la conquerront par l'âme des choses, âme sur laquelle ils jetteront la chasuble tissée et passementée par leurs sensations...(37)"
Les itinéraires sont parallèles et engagent le poète dans un voyage à rebours dont la fin signe la récupération des pouvoirs perdus. En effet, en remontant à l'origine, le poète n'espère pas seulement restaurer le monde initial mais, luttant contre la fatalité et la condition historique, il restitue à l'homme sa part de divinité. Car Dieu est une création humaine; il est la projection d'un désir concrétisé. L'homme s'est départi de pouvoirs qu'il ne possédait ou qui subsistaient en lui, latents, pour les attribuer à une entité suprême qui puisse apparaître comme centre organisateur. Extériorisé, ce point a peu à peu perdu de sa réalité à l'intérieur de l'individu qui, intuitivement, en ressent le frémissement. Aussi, les quêtes idéoréaliste et surréaliste sont-elles des quêtes humaines : "Rappelons que l'idée de surréalisme tend simplement à la récupération totale de notre force psychique par ce moyen qui n'est autre que la descente vertigineuse en nous (...) et que son activité ne court aucune chance de prendre fin tant que l'homme parviendra à distinguer un animal d'une flamme ou d'une pierre(38)".
Cette connaissance qui est visée, ou pour mieux dire, cette reconnaissance ne s'obtient qu'à travers l'exercice du langage, exercice proche de la transmutation alchimique. A cet effet, Breton fait explicitement référence à Rimbaud et à son "alchimie du Verbe" dont, dit-il, les mots demandent à être pris à la lettre. Et, comme Saint-Pol-Roux, il donne au "Verbe" le sens que lui attribuent les cabalistes : premier exemplaire de la cause des causes, modèle primitif de l'âme humaine. Cette conception johannique se mêle pour le Mage de Camaret à d'autres, héritées de traditions plus anciennes qui trouvent leur source dans les pratiques magiques du langage des animaux. Cet usage particulier, tel qu'il a pu se rencontrer chez les chamans yakoutes, signale la volonté de reconquérir une langue primitive qui permette de communiquer avec la divinité. Grâce au recouvrement de la spontanéité animale, le récitant, écrit Mircea Eliade, "récupère en partie la situation paradisiaque de l'homme primordial(39)". Certains poèmes de Saint-Pol-Roux, qui aujourd'hui font sourire, manifestent un même désir et procèdent de ce même principe magique. Les trois recueils qui composent Les Reposoirs de la procession renferment quantité de proses où apparaissent des oiseaux symboliques et doués de parole : alouettes, colombes, coqs, paons et corbeaux. Par leur aptitude à voler, ils représentent des intermédiaires privilégiés entre le terrestre et le céleste, entre l'homme et Dieu, et sont donc porteurs d'une révélation. La trilogie poétique de Saint-Pol-Roux plonge d'ailleurs le lecteur, in illo tempore, dans un univers primitif qui perce sensiblement sous l'écorce élémentaire des choses. Les adjectifs "simple", "vierge", "premier", "candide", "innocent", "pur", "ingénu" ou "naïf", récurrents dans toute l'oeuvre y qualifient essentiellement objets et parties du monde : communes, jours, sentiers, paroisses, école, diligence, chèvres, nacre, onde, colline, buis, linge, matière, eau, étoiles, etc. Le poète, parcourant une route qui le conduit d'est en ouest, du lever au coucher du soleil, reconquiert lui aussi une nature primitive, grâce à laquelle il peut établir un dialogue avec les animaux. Le poème "La Colombe", qui ouvre le deuxième tome des Reposoirs, se construit sur un mimétisme phonétique confondant le chant de l'oiseau et la parole poétique :
"La colombe roucoule; écoute, un caillou roule en le souffle qui coule ou croule dans le joujou frêle de son cou.(40)"
Cette phrase qui scande le texte et le découpe en strophes de longueur égale accentue à l'excès le jeu sur les sonorités. Expansion du verbe "roucouler", l'image ("un caillou..."), en répétant ses phonèmes constitutifs, n'est plus un développement du signifié, relégué au second rang, mais bien plutôt du signifiant. L'image est toute entière auditive et assimile le langage poétique à cette langue des origines(41). Et ce d'autant plus que l'apparition du "Je" étend la comparaison et restaure un temps mythique :
"Mon Âme a la couleur de son baptême, et, mêmement qu'à Bethléem où le duvet des anges tenait lieu de langes, le bout rose d'un sein pâle dans ma bouche pose une goutte d'opale."
Initiés, rappels vivants d'Icare, les oiseaux unissent le réel et l'idéel. Aussi leurs chants sont-ils les reflets des "premiers mots ornés d'ailes, ailes rendant ces mots susceptibles de bondir de la réalité dans la métaphysique et de la féerie dans le domaine des choses(42)". Le verbe poétique opère donc une transmutation alchimique des éléments, propre à fonder le merveilleux et à pointer du poème le lieu sublime où se résolvent les contradictions.
(A suivre...)
(24) "Introduction sur le peu de réalité", op. cit., p.276.
(25) "Liminaire" de la première édition des Reposoirs de la procession (1893), op. cit., p.146.
(26) André Breton, L'Amour fou, coll. "Métamorphoses", NRF, Paris, 1937; repris dans les O.C.II, p.685. Il faut noter que l'expression "forêt d'indices" se trouve en italique et semble donc y figurer comme citation. Hypothèse que pourrait corroborer la présence d'un extrait du passage précité du "liminaire" dans l'article "Le Maître de l'Image" que Breton consacre à S.-P.-R. et qui prouve qu'il connaissait ce texte et en avait retenu un certain nombre d'éléments. Cf. O.C.I, p.900.
(27) "Liminaire", n.1, p.155.
(28) André Breton, Second Manifeste du Surréalisme, éd. Simon Kra, Paris, 1930 et O.C.I, p.781.
(29) Saint-Pol-Roux, Les personnages de l'individu, sous le pseudonyme de Daniel Harcoland, éd. Sauvaitre, Paris, 1894 et repris dans Le tragique dans l'homme I : Monodrames, Rougerie, Mortemart, 1983, p.34.
(30) André Breton, Nadja, coll. Blanche, Gallimard, Paris, 1928 et O.C.I, p.647.
(31) Michel Carrouges, André Breton et les données fondamentales du Surréalisme, coll. "idées", Gallimard, Paris, 1950, p.37.
(32) Saint-Pol-Roux, "Sur le sable de Camaret", La Revue de l'Epoque, décembre 1920; repris dans De l'Art Magnifique, p.42. On s'apercevra que ce texte, daté de Camaret 1908, propose, pour désigner l'écriture, une terminologie qui n'est pas sans rappeler la pratique de l'écriture automatique : lignes spontanées, splendide coulée, autant de termes qui refusent à la poésie toute préméditation et tout contrôle.
(33) De l'Art Magnifique, p.12.
(34) Op. cit., p.743.
(35) André Breton, Manifeste du Surréalisme, p.319.
(36) André Breton, Prolégomènes à un troisième manifeste du Surréalisme ou non, publié dans la revue VVV, n°1, New-York, juin 1942, pp.18-26; repris dans O.C.III, p.11.
(37) "Réponde se Saint-Pol-Roux à l'enquête de Jules Huret", op. cit., p.20.
(38) Second Manifeste du Surréalisme, p.791.
(39) Mircea Eliade, "La nostalgie du paradis", Mythes, rêves et mystères, Gallimard, Paris, 1957 et coll. "folio essais", 1989, p.83.
(40) De la Colombe au Corbeau par le Paon, p.13.
(41) Mircea Eliade note dans Mythe, rêves et mystères (p.82) qu' "une bonne part des mots utilisés pendant la séance chamanique ont comme origine l'imitation des cris d'oiseaux. Ceci est vrai surtout pour les refrains et les jodlers, constitués le plus souvent par des onomatopées, par des phonèmes et par des trilles dont on peut sans difficulté deviner l'origine : l'imitation des cris et des chants d'oiseaux". Dans ses Entretiens, lorsque Breton explique que l'objectif initial de l'entreprise surréaliste était de "rendre le verbe humain à son innocence et à sa vertu créatrice originelles" (O.C.III, p.477), il s'inscrit dans la tradition illustrée par Saint-Pol-Roux.
(42) Saint-Pol-Roux, "L'émancipation du Verbe", De la Colombe au Corbeau par le Paon, p.40.
Rappel : Quitte à me faire mentir, voici, avant même celui, décisif, de demain, un indice concernant l'identité de notre auteur-mystère (le second, en deux jours, dites donc) : André Breton ne commit pas ce "Faune". A vous de jouer : ici.