dimanche 14 juin 2009

Deux recensions du "Bulletin des Amis de Saint-Pol-Roux" dans les derniers numéros d'HISTOIRES LITTERAIRES


Personne n'ignore ou ne devrait ignorer que la revue trimestrielle Histoires littéraires, consacrée entièrement, comme l'indique son sous-titre, "à la littérature française des XIXe et XXe siècles", est la plus essentielle des revues. J'aime que ses fondateurs, rien moins que Jean-Jacques Lefrère & Michel Pierssens, en aient pluralisé le titre, car il est aussi absurde de parler d'une Histoire littéraire que de croire en une Vérité. En ce domaine-là, comme en ce domaine-ci, qui ont partie liée, l's est de mise. L'historiographie, toute éprise d'objectivité a priori, n'est jamais qu'une raconteuse d'histoires, et à ce titre, une nécessaire simplificatrice sacrifiant à l'efficacité narrative. Ne s'agit-il pas, en fin de conte, d'enseigner quelques repères essentiels à notre lycéenne jeunesse ? Bref, les mouvements, les auteurs, les oeuvres qui comptent. Au détriment souvent de ceux qui ont compté et de la complexité même du champ littéraire, des champs littéraires. Ainsi souvent, parce qu'elle est narration, l'histoire de la littérature est-elle une succession commode d'étiquettes : romantisme, réalisme/naturalisme, parnasse, symbolisme, dada, surréalisme, etc., l'avènement de l'une sonnant la mort de l'autre. Si seulement c'était si simple. Eh bien, nous y verrions plus clair, mais avec quel ennui ! Il y a longtemps déjà, je donnais un billet sur le sort historiographique fait à Saint-Pol-Roux par quelques manuels célèbres. Que le lecteur s'y reporte s'il désire un exemple plus précis de cette complexité historiographique.

Les rédacteurs d'Histoires littéraires, eux, ne tombent pas dans le panneau ou la facilité. Non, ils sont trop exigeants. Aussi, la revue, qui propose fréquemment de beaux dossiers dédiés à un auteur, à une problématique ou à un mouvement, mêle-t-elle articles de fond et documents rares ou inédits, en plus d'un panorama assez exhaustif des publications nouvelles, des dernières ventes, etc. ; et, chose rare, trop, l'internet n'y est pas oublié. Née en 2000, la revue en est à son 37e numéro. Je ne m'y suis abonné que très-récemment et ma collection est encore fort lacunaire, mais, petit à petit, je la complète et, un jour viendra où je pourrai m'enorgueillir de posséder la plus intéressante histoire littéraire qui soit, celle qui, justement, ne m'en raconte pas.

On comprendra, dès lors, aisément que l'intérêt que je porte à la revue me rend particulièrement fier de trouver dans ses dernières livraisons deux encourageantes recensions du petit Bulletin des Amis de Saint-Pol-Roux. Ce fut, d'abord, dans le n°36, consacré à Jules Laforgue, Raymond Roussel, Olivier Barot, Francis Lacassin, etc., un compte rendu du premier essai. Le voici :
"Saint-Pol-Roux. Bulletin des Amis de Saint-Pol-Roux, n° 1, 2008, Les Reposoirs de la Procession (1893). Dossier de réception, (Mikaël Lugan, 33 rue Montpensier, 64000 Pau ; 18 p., 6 €). Mikaël Lugan a réuni les textes critiques ayant salué la parution du tome premier des Reposoirs de la Procession en 1893, tome qui devait être déconstruit et redistribué dans les trois volumes définitifs de l’ouvrage entre 1901 et 1907. De Lucien Muhlfeld à Gourmont, d’un rapide bulletin bibliographique dans Le Figaro à l’exposé laudatif du Mercure de France, tous saluent l’inventivité des images du « Magnifique ». Comme le note Mikaël Lugan, ses critiques n’arrivent cependant pas à sortir d’une vision rhétorique de l’image, ce qui leur rend les métaphores créatrices de Saint-Pol-Roux à jamais obscures : ces « rébus » que croient lire Marc Legrand dans L’Ermitage, d’un art « qui rappelle la virtuosité un peu sèche d’un japonais du dernier siècle », sont le signe d’une distance infranchissable entre l’auteur et son critique. On attend le dossier de réception de La Dame à la Faulx et l’essai de reconstitution de la bibliothèque de Saint-Pol-Roux que promet Mikaël Lugan dans les prochaines livraisons."
Puis, dans le suivant, qui contient un fort dossier consacré au Surréalisme, avec notamment la reproduction des lettres inédites d'André Breton au beau poète Jean-Pierre Lassalle, celui du n°2 :
"Saint-Pol-Roux. Bulletin des Amis de Saint-Pol-Roux n° 2, 2008, La Dame à la faulx (33 rue Montpensier, 64000 Pau ; 66 p., 9 €). Après celui des Reposoirs de la procession, voici le dossier de réception de La Dame à la faulx, beaucoup plus volumineux. Depuis le premier écho dû à Jules Huret dans Le Figaro jusqu’aux souvenirs d’Édouard De Max rapportés en 1917, nombre de bons esprits de l’époque ont défendu cet « énorme et éblouissant rêve d’épopée tragique » – selon les mots de Catulle Mendès – sans parvenir à l’imposer sur scène ou même en librairie. Mikaël Lugan annote avec sobriété ces comptes rendus, mais il avoue savoir « peu de choses » sur Jean Héritier, auteur, en 1912, d’un article sur La Dame à la faulx dans Les Rubriques nouvelles. Le travail entrepris par ce Bulletin est précieux et l’on en félicite le responsable."
Voilà des appréciations qui nous obligent à poursuivre nos efforts et à soigner plus encore cette publication. L'occasion est bonne, sans doute, d'annoncer la parution du prochain numéro, le quatrième, entre le 1er et le 15 juillet, et d'éventer quelques informations sur son contenu. Plus volumineux encore que les précédents, il sera dédié à "l'impossible représentation de La Dame à la Faulx", soit aux tentatives déçues de Saint-Pol-Roux pour faire représenter son drame à la Comédie Française de Jules Claretie, au Théâtre des Arts de Jacques Rouché, à l'Odéon d'Antoine ; un petit dossier suivra qui contiendra quelques pièces relatives à l'aventure du Théâtre Idéaliste de Carlos Larronde, le seul qui fera jouer deux pièces du poète, de son vivant. Le Bulletin, en outre, se verra enrichi de deux contributions de poids : celle, d'abord du peintre Tristan Bastit, qui m'a fait le réjouissant honneur d'illustrer cette livraison ; celle, ensuite, d'Eric Vauthier qui inaugurera une nouvelle rubrique : le coin des conteurs. Il y versera, en excellent spécialiste du récit bref, des articles sur des recueils de contes ou nouvelles signés de contemporains et/ou amis de Saint-Pol-Roux. Le premier d'entre eux sera ainsi consacré à L'Amour tragique de Camille Mauclair (Calmann-Lévy, Paris, 1908) ; et, une bonne nouvelle ne venant jamais seule, j'annonce dès aujourd'hui qu'on pourra le lire en avant-première d'ici la fin de la semaine prochaine sur ce blog, suivi de "L'Adieu nocturne", un des contes de ce beau recueil méconnu. En attendant, je rappelle que ce quatrième Bulletin, à moins d'avoir contracté un abonnement à compter du deuxième, sera en vente exclusivement au numéro. Pensez d'ores et déjà à réserver votre exemplaire par mail à harcoland(at)gmail.com.

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