dimanche 15 mars 2009

L'exposition Saint-Pol-Roux ferme ses portes : souvenirs d'une belle exposition (I)

J'aurais aimé avoir eu le temps de rédiger ce billet alors qu'il était encore possible de visiter l'exposition que la Bibliothèque d'Etude et le Musée des Beaux-Arts de Brest, conjointement, consacrèrent à Saint-Pol-Roux. Malheureusement, voici qu'elle ferme ses portes le jour même où je rédige ces lignes, dès lors non pas publicitaires mais commémoratives. Le lieu était bien choisi pardi, puisque le 22 rue Traverse, où s'élève aujourd'hui le bâtiment de la Bibliothèque, fut la dernière et infortunée demeure du poète : l'hôpital où il mourut le 18 octobre 1940. Je dois dire qu'en découvrant l'affiche, j'avais eu d'abord un peu peur que l'exposition virât à l'énième célébration régionaliste du Magnifique, ne présentant que des documents bretons prouvant l'enracinement finistérien de Saint-Pol-Roux. Les organisateurs m'avaient invité au vernissage du 16 décembre, mais je n'avais pu m'y rendre, hélas. Plus de deux cent personnes y assistèrent témoignant d'une curiosité et d'un intérêt croissants pour l'oeuvre du poète - la présence d'un public relativement nombreux au colloque des 27 & 28 février derniers en est un autre témoignage. Bref, je ne doute pas que l'exposition fût finalement un succès ; et j'en doute d'autant moins que, l'ayant depuis visitée, mes craintes initiales se sont envolées. L'exposition rend, contrairement à ce que pouvait laisser sous-entendre le titre, plutôt bien compte de l'itinéraire littéraire et personnel de Saint-Pol-Roux. J'aurais bien voulu donner, pour les lecteurs du blog qui, pour la plupart, n'ont pu se rendre à Brest, un aperçu détaillé de chacun des documents exposés, mais ma propre visite fut trop brève pour relever un tel défi. Je me contenterai donc d'un rapide survol, d'une sommaire présentation, agrémentée de quelques photos aimablement communiquées par Nicolas Galaud, le directeur de la Bibliothèque d'Etude. Puis il y aura un catalogue, très prochainement, et nous pourrons alors mieux nous consoler...
A la Bibliothèque
Au rez-de-chaussée, une série de panneaux mêlant textes et iconographie accueillent le visiteur ; ce sont les mêmes qu'à Châteaulin où se tint une précédente exposition, "Le Verbe et la Lumière", en 1992. C'est à l'étage que l'exposition proprement dite commence. La première vue est celle d'un pan de mur présentant plusieurs visages dessinés du poète et pour beaucoup parus dans la presse, portraits et caricatures de Pierre Vaillant, André Rouveyre, Jim Sévellec, Saïk, etc. ; puis au-dessous, envitrinés, d'autres dessins de Xavier de Langlais, de Vallotton, etc. en leur support, livres et albums.


Sur le mur d'en face, une première étape, de la Provence au Finistère, avec essentiellement des photographies familiales et des documents rares et émouvants : le baccalauréat du jeune Paul Roux, signé par Jules Ferry en 1881, une carte d'identité établie au nom de Saint-Pol-Roux, une lettre à Gustave Geffroy...

Le magnifique portrait de Mallarmé par Rochegrosse signale que nous quittons désormais l'état-civil pour la poésie. Nouvelle station : Du parnasse au symbolisme. La vitrine est encadrée par "Le pèlerinage de Sainte Anne" et "Le miracle de 1886" ; à l'intérieur : un cahier, sur les premières pages duquel le tout jeune Paul Roux a recopié une douzaine de poèmes de Mallarmé, une lettre à Jules Huret le priant de publier l'intégralité de sa réponse à l'enquête sur l'évolution littéraire dans l'Echo de Paris, un numéro du Mercure de France, des éditions originales, une lettre à Mirbeau, un exemplaire du Cabinet noir de Max Jacob et de La Conquête des étoiles de Marinetti, dédicacés par leurs auteurs à Saint-Pol-Roux, etc.

Puis voici la Dame à la Faulx, avec un tapuscrit anoté de la main de Saint-Pol-Roux, puis les Ardennes, l'amitié avec Victor Segalen, l'aventure surréaliste (la première lettre de Breton au Magnifique, la page d'hommage des Nouvelles littéraires, des coupures de presse sur le banquet du 2 juillet), les échanges avec Max Jacob, la Répoétique et les Litanies de la Mer, la synthèse verbale des pêcheurs de Camaret, dont était exposé un merveilleux manuscrit illustré. Et ma mémoire me fait défaut pour tout citer... puis il aurait fallu s'attarder plus devant chaque pièce ; puis il aurait fallu revenir et prendre des notes ; puis... vivement le catalogue.

(à suivre : Au Musée des Beaux-Arts)

Nota : Le Grand Jeu concours court toujours. Le visiteur sèche, comme un fruit tombé. Ses neurones s'agitent, vifs, puis, vaincus et caprifiés, pendouillent. Et le bonhomme, - qui n'est ni Fargue, ni Larbaud, ni Vielé-Griffin, ni Béraud, Bruant, Bourges, ou Charles-Louis Philippe, qui n'est pas même Beucler, Carco ou Ferdinand Herold -, en son portrait, se moque, fait la ... nique. Se sentirait-il devenu à ce point inaccessible, tel le petit singe perché sur un trop exotique banian ? Vos réponses en commentaires ou ici : harcoland@gmail.com.

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