mercredi 19 mars 2008

Et l'auteur-mystère est...

Jean ROYERE
(1871-1956)

Félicitations magnifiques & vives à Zeb, notre ami de Livrenblog,
qui découvrit l'identité du poète du "Faune".


Le sonnet dédié à Henri de Régnier fut extrait d'Exil Doré, premier recueil de Royère, qui parut chez Léon Vanier en 1898.


Notre poète débutait en poésie l'année où Mallarmé mourut et, avec lui, une certaine idée du symbolisme. Doit-on y voir un signe pour celui qui déclara, au seuil de son troisième livre, Soeur de Narcisse nue (Editions de La Phalange, 1907) : "Ma poésie est obscure comme un lis" ? La formule marqua suffisamment les esprits contemporains pour qu'elle le suivît jusqu'à sa mort et qu'André Breton la répétât dans ses Entretiens, parlant à André Parinaud de Royère, qui fut l'une de ses premières rencontres littéraires décisives.


Si aujourd'hui les vers de Jean Royère sont oubliés - bien à tort -, pour des raisons que j'exposerai bientôt, l'histoire littéraire se souvient néanmoins du brillant animateur de revues. Il créa la Phalange, petite revue de grande importance, qu'il dirigea entre 1906 et 1914 et qui ressuscita, moins inspirée, entre 1936 et 1939. Mais les phalanges, pour pointer un doigt complet, vont par trois, et ce fut également une collection d'ouvrages, également dirigée par Royère, chez Albert Messein, de 1924 à 1939.


Critique lucide, ouvert aux tendances nouvelles, il resta fidèle au mouvement qui, jeune lecteur, l'avait ébloui, et devint, à l'aube du XXe siècle, chef de file du néo-symbolisme. Il consacra de beaux ouvrages à deux de ses maîtres : Mallarmé (en haut) & Baudelaire (au centre, à gauche). Avant de créer la Phalange, il avait, avec la bénédiction de René Ghil (au centre), relancé les Ecrits pour l'art (1905-1906). C'est sans doute là qu'il s'éprit de la poésie de John Antoine Nau (au centre à droite), premier prix Goncourt pour Force ennemie (1903), qui y donna les magnifiques poèmes de Vers la Fée Viviane. Fidèle en amitié, Royère ne cessera de promouvoir le génie de Nau, comme celui d'Armand Godoy (en bas, à gauche), découvert bien plus tard, à la fin des années 1920. La Phalange fut une famille, avait coutume de dire notre auteur; et quelle famille ! Royère y devint l'ami d'Apollinaire (en bas, au centre), y lança Valery Larbaud (que Léon-Paul Fargue, par quelque magie, remplace sur le montage photographique), et y publia les premiers poèmes, encore empreints de symbolisme, du très jeune André Breton (en bas, à droite). Voilà qui fait rêver...

J'aime la poésie de Jean Royère, que j'ai découverte grâce à mes recherches sur Saint-Pol-Roux. Car le Magnifique et le poète d'Exil Doré furent amis, mieux encore, frères, d'une fraternité toute poétique. Originaires de Provence, la passion de la lumière avait sans doute rapproché ces deux exilés du septentrion. Il me plaît beaucoup que Vincent Gogibu & les éditions du Clown Lyrique aient choisi de publier sous forme d'une jolie plaquette, en préambule à des parutions plus importantes, cet "En Avignon" solaire de Jean Royère, qui, originellement constituait l'un des chapitres de Frontons (Seheur, 1932), consacré à Emmanuel Signoret. Cela me plaît : voici l'ombre du beau Jean Royère qui passe...


Et je suis ravi d'offrir à Zeb, pour avoir découvert l'identité de l'auteur-mystère, l'un des 300 exemplaires, sur papier de création, de cette plaquette charmante, et d'y joindre, pour avoir trouvé le titre du recueil, un numéro du Manuscrit autographe, autre belle revue, créée et dirigée par Jean Royère de 1926 à 1933.

1 commentaire:

Eric Poindron a dit…

Cher(e)s amie(s),

Après « l’étrange questionnaire », je vous propose un nouveau petit jeu littéraire que vous pouvez faire passez à vos contacts si vous le souhaitez. L'énoncé en est fort simple ; ensuite, ça peut se corser :

« Racontez en un mot, ou en cent, CETTE étrange nuit ou vous vous êtes perdu(e) dans LA BIBLIOTHÈQUE... »



Toutes les formes littéraires sont bien entendu acceptes.

Alors à vos bougies, à vos boussoles et à vos plumes…

Et toujours au plaisir de vous lire...

Avec les amitiés de Éric Poindron


Le Cabinet de curiosités d'Éric Poindron

http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites