samedi 27 octobre 2007

La Petite Anthologie Magnifique : poème d'Edouard Dubus

Edouard DUBUS
(1863-1895)


L'oeuvre éditée d'Edouard Dubus est mince. Deux volumes en tout et pour tout : Les vrais sous-offs (Savine, 1890), brochure écrite en collaboration avec Georges Darien, en réponse à Lucien Descaves, et un recueil de vers, Quand les violons sont partis (Bibliothèque artistique et littéraire, 1892). Il fut des fondateurs historiques du Mercure de France, mais Saint-Pol-Roux l'avait probablement rencontré dès 1889, grâce à Gabriel Randon, l'ami commun. Dubus collabora à la plupart des petites revues de l'époque et à quelques journaux (Le Gaulois, Le Cri de Paris, Gil Blas). Féru d'occultisme, il partageait avec Stanislas de Guaita le goût de la morphine. Au petit matin du 10 juin 1895, on retrouva un corps dans les latrines de la place Maubert. Jean Court identifia le cadavre inconnu : c'était Edouard Dubus. En 1905, Laurent Tailhade préfaça ses Poésies complètes (Messein, Paris) et brossa du poète un portrait paradoxal :
"Avec son visage lunaire de Pierrot tuberculeux, sa bouche au rire enfantin, avec ses yeux gris de myope dont le regard ne peut embrasser le contour des choses, Dubus fut, malgré son esprit si fin, l'homme du monde le mieux organisé pour donner dans tous les panneaux tendus à sa crédulité. Ce fut un disciple, se conformant avec docilité aux Idoles du Maître, à qui le premier venu montrait la lune dans un sac et faisait prendre, non pour des lanternes, mais pour de reluisants soleils les plus abjectes vessies.

Boulangisme, occultisme, symbolisme, perversité, Dubus adopta sans fatigue les calembredaines à la mode chez ses contemporains. De notre temps, il eût été malthusien ou sillonniste, peut-être l'un et l'autre, car le besoin "d'imiter pour être original" lui conférait un éclectisme singulier."
Le "Pantoum du Feu" appartient au recueil de 1892. Rêve alchimique, le poème laisse deviner une tentation idéoréaliste qui, vite, spleenétique, décline et se retire...

PANTOUM DE FEU

Pour Saint-Pol-Roux-Le-Magnifique.
Un pâle papillon bat de l'aile dans l'âtre,
Le bois fume et s'allume avec de petits cris;
En l'âme une lueur incertaine folâtre,
Le souvenir entr'ouvre un peu son linceul gris.

Le bois fume et s'allume avec de petits cris,
Une flamme jaillit, s'abat, et se redresse;
Le souvenir entr'ouvre un peu son linceul gris,
Une voix d'autrefois hésite en sa caresse.

Une flamme jaillit, s'abat, et se redresse,
L'or palpitant s'allie au rose frémissant;
Une voix d'autrefois hésite en sa caresse,
Cheveux épars, s'incarne un rêve éblouissant.

L'or palpitant s'allie au rose frémissant,
Mille langues de feu se meurent réunies;
Cheveux épars, s'incarne un rêve éblouissant;
On poursuit un vain leurre en folles agonies.

Mille langues de feu se meurent réunies :
L'ombre viendra bientôt envahir le foyer;
On poursuit un vain leurre en folles agonies,
La vision dans la brume va se noyer.

L'ombre viendra bientôt envahir le foyer,
Un peu de cendre exhale une tiédeur bleuâtre;
La vision dans la brume va se noyer :
Un pâle papillon bat de l'aile dans l'âtre.

1 commentaire:

Lapa a dit…

MIGUEL TORGA

THE PLOUGHMAN OF THE WRITING

A SHARED PATH

In the 1st centenary of his birth

BY CRISTÓVÃO DE AGUIAR