Il y avait longtemps - trop - que je ne m'étais rendu à Toulouse. C'est une ville que j'aime, car c'est un peu ma ville - celle que, parmi beaucoup, j'ai élue, une ville propice à l'amateur de littérature et de poésie fin de siècle et post-symboliste. Il y a certes les libraires d'ancien ou d'occasion qui méritent la visite - Eric Casteran (rue du Taur), Champavert (rue du Périgord), la Librairie du Rempart (rue du Rempart Saint-Etienne) -, mais il y a surtout les marchés, presque quotidiens : Saint-Etienne, le samedi; Saint-Sernin et Saint-Aubin, le dimanche; Saint-Cyprien, le lundi; place du Capitole, le mercredi; Arnaud Bernard, le jeudi. Je rentre donc, naturellement, de mon week-end, avec quelques nouvelles acquisitions : un numéro de la revue d'Eugène Montfort, Les Marges (15 avril 1926), qui produit les réponses de Tristan Derême, Drieu la Rochelle, Jean de Gourmont, Henri Pourrat, à l'enquête sur "L'homosexualité en littérature", les souvenirs de Louis Ningler sur "Jules Renard au lycée Charlemagne", un article d'Adolphe Basler, "La peinture religion nouvelle : la métaphysique chez les peintres", etc.;
La Maison Philibert, de Jean Lorrain, roman publié en 1904, à la Librairie Universelle - illustré par George Bottini (120 dessins dans le texte, en noir et blanc, et 16 hors-texte en couleurs);
Hélène en Fleur et Charlemagne, tome XXVI, des Ballades Françaises de Paul Fort, un des 770 exemplaires sur pur fil Lafuma, paru au Mercure de France, en 1921 - et enrichi d'un envoi;
La Beauté de Vivre, le deuxième recueil de Fernand Gregh, l'inventeur de l'humanisme, Calmann-Lévy, Paris, 1900, volume comportant un envoi et truffé d'une lettre autographe signée à Jean Béchade-Labarthe (poète et écrivain de l'après-seconde guerre mondiale). Ces trois derniers ont été trouvés sur le stand de Frédéric Solis, qui vient, de temps en temps, de son Lot-et-Garonne, exposer son fonds place Saint-Etienne. C'est un libraire rare, du genre qui ne vend pas en ligne, bibliophile et connaisseur et qui pratique des prix à portée des étudiants même peu argentés. Voilà qui mérite un peu de publicité et qu'on incite à le contacter : Allées Sainte-Anne, à Prayssas (47360).
Puis, pour le neuf, il y a à Toulouse de vraies librairies, tenues par de vrais libraires : la librairie des Frères Floury, rue de la Colombette - on y trouve du Saint-Pol-Roux, à coup sûr -; et Ombres blanches, l'une des plus grandes librairies de France, d'où je rapporte, l'hénaurme, la truculente, la drôlatique, la poétique et superbe épopée de l'immense poète que fut Pierre-Albert Birot :
GRABINOULOR
dont les six livres sont enfin réédités chez Jean-Michel Place.
C'est un événement; il me faudra lui consacrer un billet. A ma connaissance, il n'exista pas de relations entre Pierre-Albert Birot et Saint-Pol-Roux. Mais j'extrais ces vers, dans le livre premier, qui prouvent qu'il y eut - poétiquement - rencontre :
"Le poète est un prêtre architecte sculpteur et musicienIl construira dans l'espace et dans le tempsUn monument grand comme une admirationAu couple humain"
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