mercredi 23 janvier 2008

De la musique avant toute chose : une partition de Justin Clérice dédiée à S.-P.-R

J'ai eu l'occasion, la semaine dernière, de donner à entendre un peu de musique sur le blog. C'était dans le billet consacré aux poèmes de Bernard Barral, interprétés, le 15 décembre, par la pianiste Françoise Menghini et la soprano Annick Lafrontière, sur une composition de Françoise Sauclières (en écoute ici). Une acquisition récente me conduit aujourd'hui à en montrer. Il s'agit d'une partition de Justin Clérice, parue dans L'Illustration du 13 décembre 1902, génériquement intitulée SERENATA pour piano. J'ignore si elle possède quelque intérêt pour l'histoire de la musique, mais elle en présente un, assurément, pour les amateurs du Magnifique, puisqu'elle porte la dédicace imprimée : "A mon ami Saint-Pol Roux".

On compte nombre de compositeurs parmi les relations et amitiés du poète. Il m'est arrivé, çà et là, de mentionner Gustave Charpentier, par exemple, avec qui il collabora pour Louise, mais je n'ai jamais cité le nom de Vincent Fosse, qui composa un opéra-comique, dont Saint-Pol-Roux écrivit le truculent livret : Sabalkazin ou la punition du Sorcier (1887). Puis il avait prévu une musique de scène pour accompagner les représentations de La Dame à la Faulx; Debussy, Paul Dukas, Ravel et Gabriel Dupont furent contactés. En 1918, c'est Honegger qui demanda au poète l'autorisation de tirer un drame lyrique de l'Epilogue des Saisons Humaines. La musique fut une des grandes préoccupations du Magnifique : il consacra d'importants écrits à Vincent d'Indy et Beethoven, entre autres.

Je dois avouer que j'ignorais jusqu'à aujourd'hui l'existence de Justin Clérice. Le site de l'ANAO, heureusement, m'apporte quelques précisions utiles : Justin Clérice est né le 16 octobre 1863 à Buenos-Aires; c'est la mort du père qui conduit sa famille à revenir en France en 1881. Un an plus tard, Justin est admis au Conservatoire de Paris. Ne parvenant à vivre de son talent propre, il travaille dans l'atelier de litho-gravure de son frère Charles, spécialisé dans l'illustration de chansons "petit format". Il compose alors quelques mélodies qui le font connaître, puis des ballets, des opéras-comiques et des opérettes. Il meurt le 9 septembre 1908 à Toulouse. La notice, assez complète de l'ANAO, ne dit pas comment il rencontra Saint-Pol-Roux. Peut-être grâce à son frère, car si j'ignorais Justin, le nom de Charles Clérice, lui, ne m'était pas totalement inconnu. Je l'avais en effet déniché lors d'un de mes séjours à Doucet, en tête d'un sonnet du Magnifique, intitulé "A CHARLES CLERICE POUR FÊTER SA BOUTONNIERE FLEURIE D'UNE VIOLETTE". Voilà qui fleure bon sa récompense toulousaine (quelque prix des Jeux Floraux ?). Le poème s'achevait sur ce tercet :
Charles, frère plus humble que cette humble Fleur
J'aime ton amitié qui parfume mon âme
Et ton regard loyal ainsi qu'un oriflamme.
Malheureusement, l'absence de date et de tout autre document ne permet pas de préciser les circonstances de cette amitié. Mes recherches internet n'ont guère été fructueuses. Je puis seulement dire qu'il illustra des ouvrages destinés à un lectorat populaire, notamment certains romans de Louis Boussenard, qui connut également Saint-Pol-Roux. Y aurait-il, cachées là, quelques collaborations anonymes et alimentaires ? Le Magnifique serait-il le ghost writer d'un livret d'opérette ou d'opéra-comique composé par Justin Clérice ? Charles aurait-il illustré des romans de Pierre Decourcelle dont notre poète fut l'un des Auguste Maquet ? Et Boussenard se serait-il, à l'occasion, adjoint la plume de Saint-Pol-Roux ? Autant d'hypothèses qu'il ne me déplaît pas de formuler et de laisser en suspens...

Mais voici cette partition de Justin Clérice, pour les yeux simplement, en attendant qu'un(e) pianiste, la déchiffrant, l'offre à nos oreilles.


1 commentaire:

la. a dit…
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