Me voici de retour, enrichi de plusieurs livres et revues et pas mécontent de mon séjour de recherches à Doucet.
Je ne vous imposerai pas la liste de mes nouvelles acquisitions, elles ne manqueront pas de réapparaître çà et là, au hasard des billets. Je m'attarderai plutôt sur ce numéro du Goéland Illustré - Album Souvenir (1936-1949) découvert chez l'excellent Léon Aichelbaum, rue d'Ulm. Saint-Pol-Roux avait collaboré à cette belle "feuille de poésie et d'art", dirigée par l'ami Théophile Briant, de sa "Tour du Vent" à Paramé (1). Il avait été naturellement nommé président du jury qui, chaque année, décerna, sous les auspices de la revue, un prix de poésie; il avait composé un "prélude" à l'Anthologie des poètes du Goéland (1938) dans lequel il réaffirmait sa foi en la jeunesse :
"Le génie ne court pas les rues, prétend-on. Ne serait-ce pas plutôt, en répoétique, sa meilleure façon d'aller ? A preuve que, le 23 décembre, entre champions de classe et champions de plein air, nous vîmes soudain le Buisson battre l'Ecole.
Ne vous déplaise, il s'en trouve d'ardents."
Ne vous déplaise, il s'en trouve d'ardents."
De toutes les publications bretonnes auxquelles collabora le Magnifique, celle-ci fut la plus belle, fut la plus riche : Villiers de l'Isle-Adam, Barbey d'Aurevilly, Corbière, Laforgue, Max Jacob, Jehan Rictus, Milosz, Bloy, Gauguin, Jammes, Maeterlinck, Rachilde, Colette, Mauclair, Germaine Beaumont y figurèrent - inédits. Belle amitié aussi que celle de Théo Briant et de Saint-Pol-Roux. La monographie du second que le premier fit paraître chez Seghers, dans la collection des "Poètes d'aujourd'hui", en 1952, demeure la meilleure, la plus juste, de toutes celles qui furent consacrées au poète des Reposoirs.
L'Album Souvenir récapitule, grâce à de nombreuses photos et reproductions, les treize années "de luttes poétiques et littéraires" du Goéland. Saint-Pol-Roux y figure en tête, voisinant avec Corbière, "deux effigies qui nous sont particulièrement chères", précise Briant :
puis, une photo de Divine, la fille du poète, avec son goéland Héol qu'elle avait apprivoisé, illustre, en compagnie des jeunes Chateaubriand, Laforgue, Max Jacob, Baudelaire, Rimbaud, Jean de Tinan, Milosz, Verlaine, une double page "Enfance... et Poésie" :
Une section de cet album est plus particulièrement consacrée à Saint-Pol-Roux; il la partage avec l'ami Max Jacob. Elle s'intitule "Deux poètes martyrs (1940-1944)". On y découvre un portrait photographique du mage de Camaret, vers la fin de sa vie, et une lettre du 7 août 1940, dans laquelle il relate à Théophile Briant, les tragiques événements de la nuit du 23 au 24 juin :
On retrouve enfin Saint-Pol-Roux, p. 16, en compagnie des autres membres du Jury du Prix de Poésie, à Rennes, en 1937. On reconnaît Germaine Beaumont et Théophile Briant, assis à gauche, et le Magnifique, debout au centre :
Peu de textes donc, dans cette revue qui se poursuivit, grâce au dynamisme de son fondateur, quelques années encore, mais de nombreuses illustrations qui témoignent de l'importance qu'accorda, toujours, le Goéland aux poètes.
(1) Une association malouine "Les Amis de la Tour du Vent" existe qui oeuvre à la défense de la poésie incarnée par Théo Briant. Elle publie chaque année une revue, AVEL IX - poésie, art, littérature. Beatrix Balteg, sa présidente, m'avait aimablement envoyé le n°17 (2003) qui renferme un long article sur "Saint-Pol-Roux, le solitaire de Camaret", par Marie-Françoise Jeanneau. Que ce billet - salut à Théophile Briant - soit une nouvelle occasion de la remercier.
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