Le patriotisme de Saint-Pol-Roux, même aux pires heures de la première guerre mondiale, celles qui devaient lui enlever son fils aîné, Coecilian, ne fut jamais indigne. J'y consacrerai sans doute plusieurs billets, tant la question est d'importance et demeure peu étudiée.
Mais aujourd'hui, une simple notule, inspirée par la réception d'un numéro des cahiers du 19e r.i., revue brestoise publiée sous le patronage de l'Amicale des Anciens Combattants du 19e régiment d'infanterie. Cette deuxième livraison de la troisième année, datée du 1er octobre 1932, est entièrement consacrée aux journées du "Calvaire Breton" transplanté du Tréhou (Finistère) au cimetière de Maissin (Luxembourg belge), en commémoration de la victoire qu'y remporta la 4e armée le 22 août 1914. De nombreux soldats de Bretagne, enrégimentés au 19e, y avaient laissé la vie.
Le poème que Saint-Pol-Roux compose pour cette occasion, "Le Pèlerin de pierre", d'abord paru dans la Dépêche de Brest, est un poème de célébration, une ode, dans cette prose rythmée et fortement assonancée qu'il affectionne et qui l'apparente au verset. C'est un des charmes des nombreux poèmes populaires ou de circonstance écrits par le Magnifique, tout au long de sa vie : ces "oeuvrettes" sont le fruit d'un grand lyrique. Saint-Pol-Roux a su renouer avec le haut lyrisme, non celui réinventé par le romantisme, mais tel que défini par Ronsard dont le chant inspiré divinise, ou mieux, pour user d'un terme cher à notre poète, glorifie(1) l'objet de la célébration. Il ne s'agit pas simplement de commémorer, c'est-à-dire d'actualiser un événement passé ou d'en donner une image pétrifiée à adorer; il s'agit, par l'entremise du Verbe, d'autoriser le passage du crépuscule à l'aube, du négatif au positif, du désespoir à la joie, de la mort à la vie. Il s'agit de transfigurer la réalité. Le chant est d'avenir :
O martyrs, construisons l'allégresse future avec le sacrifice dont l'histoire est pleine, et qu'un soleil de joie transfigure le monde à sa lumière blonde comme les cheveux sacrés de Magdeleine.
Qu'elle soit de circonstance ou non, la poésie de Saint-Pol-Roux est d'abord essentiellement lazaréenne.
(1) Glorifications est le titre sous lequel le poète avait pensé recueillir, au milieu des années 1920, plusieurs de ses poèmes de circonstance.
Rappels : Plus que 6 jours pour répondre au sondage "Qu'avez-vous lu de Saint-Pol-Roux ?", et plus que 12 pour trouver l'identité du mystérieux auteur du Grand Jeu du Mois d'Août. Tentez votre chance; une réponse à-côté n'interdit pas de rejouer.
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