La mort de Francis Vielé-Griffin avait laissé un grand vide au sein de la toute jeune Académie Mallarmé. En effet, avec lui disparaissait un membre fondateur, l'un des fidèles du maître de la rue de Rome, un des meilleurs poètes de son temps, et le président de la nouvelle institution. Il fallait donc, avant de procéder à la remise du prix de poésie, créé par Marcello-Fabri et L'ÂGE NOUVEAU, voter encore. La parole aux échotiers...
Le Figaro - 19 mars 1938
L'Académie Mallarmé remplacera cette semaine son premier président et premier membre décédé, Francis Viélé-Griffin (sic). On meurt modestement dans la jeune académie : ni éloge ni poème funèbre.Pour la présidence, on parle du poète Saint-Pol-Roux, assez régulièrement éloigné de Paris - ce qui sera dans la bonne règle des institutions démocratiques : il faut craindre le césarisme présidentiel.Pour le siège, compétition entre Jules Supervielle et Henry Charpentier.La Girouette.
M. Jules Supervielle nous écrit qu' "il n'est pas et ne sera jamais candidat à l'Académie Mallarmé". Ce qui n'est pas pour nous étonner : la jeune Académie ne comporte pas de candidature.Nous écrivions samedi dernier que l'Académie Mallarmé songeait à M. Supervielle ou à M. Henry Charpentier pour la succession de Francis Vielé-Griffin.
Les Alguazils.
La Croix - 31 mars 1938
Electionà l'Académie Mallarmé
La jeune Académie Mallarmé - qui groupait à l'origine dix poètes et qui décida de porter à 15 le nombre de ses membres - s'est réunie mardi au restaurant Drouant, tout comme son aînée, le Goncourt.Elle élit d'abord comme président M. Saint-Pol Roux, puis, en remplacement de M. François (sic) Vielé-Griffin, décédé, ce fut M. Henry Charpentier qui l'emporta sur MM. Jules Supervielle et Max Jacob.M. Henry Charpentier est un poète très traditionnaliste, et, au surplus, il est l'exécuteur testamentaire de Mallarmé. Deux raisons qui, sans doute, ont pesé sur le choix de l'Académie.
L'Ouest-Eclair - 5 avril 1938
A l'Académie Mallarmé
Réunis mercredi dernier, comme les Goncourt, au restaurant Drouant, les membres de l'Académie Mallarmé se sont donné, pour succéder à Francis Vielé-Griffin, un nouveau président. Il nous plaît que leur choix se soit porté à l'unanimité sur Saint-Pol-Roux, le "magnifique" et solitaire poète du manoir de Coecilian, en Camaret.Un nouveau membre a été élu, M. Henri Charpentier, poète à forme traditionaliste, qui fut l'exécuteur testamentaire de Mallarmé.
A.-V. de Walle.
Yggdrasill - 25 avril 1938
A l'Académie Mallarmé
Ami d'Yggdrasill, Saint-Pol Roux - dont nous avons publié, en décembre, un Noël que n'ont pas oublié les lecteurs d'Yggdrasill - vient d'être élu membre de l'Académie Mallarmé en remplacement de Francis Vielé-Griffin. Nous nous réjouissons de cette élection d'un poète resté pur, à qui nous lient le respect, l'admiration et l'affection, trois sentiments que nous ne pouvons avoir ni pour l'inventeur de l'Académie Mallarmé ni pour son dernier élu.
Yggdrasill - 25 mai 1938
A l'Académie Mallarmé
Par suite d'une erreur de composition, il y a lieu de rétablir comme suit le texte de notre entrefilet du mois dernier : "Saint-Pol-Roux vient d'être élu Président". Les dernières lignes de cet entrefilet ne pouvaient, on l'a bien compris, viser le Président de l'Académie Mallarmé, qui est notre ami, mais le dernier membre élu de cette association, entièrement due au génie inventif de M. Edouard Dujardin. Ce qui évidemment lui ôte toute importance.
L'Âge Nouveau - n°6 - juin 1938
Dans les journauxAcadémie Mallarmé
Nos lecteurs ont appris l'élection récente de M. Henry Charpentier à l'Académie Mallarmé. Il nous est particulièrement agréable de reproduire une partie du généreux article que M. Edmond Jaloux, vient de consacrer dans le Jour au nouvel élu, à qui nous adressons nos bien sincères félicitations :Nous avons, certes, aujourd'hui encore, de nombreux poètes qui gardent farouchement la noble tradition mallarméenne : M. Saint-Pol-Roux qui vit à l'écart de tous, sinon de la tempête et des goélands, au fond de la Bretagne ; M. O.-W. Milosz, qui n'a pas l'air de cheminer parmi les vivants ; M. Raymond de la Tailhède, dernier héritier du sceptre de Moréas, M. Patrice de la Tour du Pin, bien d'autres encore... Mais un des plus secrets et des plus solitaires est M. Henry Charpentier ; aucun groupe n'a su le retenir, aucun cénacle se servir de lui. Confiant, mais vite froissé ; altier, mais sensible à la sympathie ; enthousiaste, mais tourné vers l'abstrait, cet écrivain obéit à une sorte de vocation de l'isolement, aux pressions d'une délicate pudeur.Il y puise ce riche minerai, éclatant et sombre, dont il forge la substance de sa belle poésie. Elle joint un élément intellectuel à je ne sais quels remous romantiques et mystérieux, qui font une atmosphère poignante à ces transpositions du drame humain dans une sphère de cristal.Disciple de Poe et de Mallarmé, M. Henry Charpentier est résolument classique et un très grand artiste du vers. Il lui donne une musique qui n'appartient qu'à lui ; qui n 'est ni celle de Moréas, ni celle de M. Paul Valéry. La joie que donne son oeuvre est souvent parfaite. Mais on ne peut rien en citer, sentir, tant un poème, chez lui, se tient, fait un tout, est indissoluble.Ajoutons que le nouveau membre de l'Académie Mallarmé, est lui-même exécuteur testamentaire du docteur Bonniot, dont il fut l'ami et qui était le gendre de Mallarmé.Cet hommage rendu à un très beau poète par un très haut écrivain, est aussi, par quelque côté, un hommage rendu à la jeune Académie Mallarmé, par l'Académie Française...
(à suivre...)
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