vendredi 9 mai 2008

SPiRitus S'entRetient avec Vincent Gogibu

SPiRitus S'entRetient avec

Vincent Gogibu
[Né en 1976, Vincent Gogibu dirige avec Nicolas Malais le "Cahier Gourmont" du Clown Lyrique. Il est l'auteur de nombreux articles sur Loti, Henri de Régnier, Remy de Gourmont. Il prépare une édition en plusieurs volumes de la correspondance de ce dernier. Les deux premiers tomes devraient paraître cette année]
SPiRitus : Vous souvenez-vous de votre première rencontre de lecteur avec la poésie de Saint-Pol-Roux ? Quel était le titre de l’œuvre, du poème, etc. ? Connaissiez-vous déjà, avant cette première lecture, son nom, son histoire, sa légende ? Si oui, comment ?

Vincent Gogibu : Il s’agissait de Les Féeries intérieures 1895-1906, tout premier volume découvert et ouvert sur le poème ouvrant le recueil "Le poëte au vitrail". Je ne connaissais que son nom, l’ayant croisé bien souvent dans telle ou telle évocation. Mais c’est à Remy de Gourmont que je dois d’avoir lu pour la première fois le nom de Saint-Pol-Roux. Bien vite, la légende du poète m’est apparue et je dois dire qu’elle est loin de me laisser indiférent.

SPiR. : Qu’avez-vous éprouvé au cours de cette lecture ?

Vincent G. : Ce fut un choc esthétique, une séduction stylistique ; et puis j’étais sensible à "Je naquis en cette Tour qu’aujourd’hui seulement, à l’âge d’homme, j’ai quittée." ayant été tellement marqué par La Vie est un Songe de Calderon.

SPiR. : A ce jour, qu’avez-vous lu de son œuvre ? Quels sont les titres qui figurent dans votre bibliothèque personnelle ? Dans quelle édition, etc. ?

Vincent G. : La Dame à la faulx, Les Féeries intérieures… Mais bien trop peu encore.

SPiR. : Pouvez-vous citer, pour les visiteurs du blog, quelques vers ou lignes de votre volume préféré ?

Vincent G. : "Sept fois sept nuits après je parviens devant la Cité de Sagesse à cette heure où l’immense fruit de lumière pend à la médiane branche de l’azur. / Le vrombissement des taons, telle une satanique fanfare d’assaut, fait les Sages accourir aux remparts et se pencher." ("La Torche de Ténèbre").

SPiR. : Quelle première œuvre conseilleriez-vous à un jeune homme ou à une jeune fille qui voudrait découvrir Saint-Pol-Roux ?

Vincent G. : Bigre ! loin de moi l’idée de conseiller la jeunesse ! Qu’elle tâtonne et découvre par elle-même les perles et autres pépites offertes çà et là ! Et puis il me semble que Saint-Pol-Roux est le genre d’auteur qui, conseillé ou appris, a moins de saveur que déniché par soi-même : la saveur d’une trouvaille rare, et unique.

SPiR. : Comment définiriez-vous sa poésie ? Vous semble-t-elle "datée" ?

Vincent G. : Datée ? Pas nécessairement. Du moins transpire-t-elle son époque, peut-être même davantage que d’autres. Et puis, telle ou telle scorie surréaliste ou de Michel Deguy est parfois bien plus datée….

SPiR. : Pensez-vous que son œuvre a pu influencer certains des mouvements du XXe siècle poétique ? Lesquels ? Dans quelle mesure ?

Vincent G. : Assurément ! Le Symbolisme fut le catalyseur de beaucoup. Saint-Pol-Roux parmi d’autres fut le terreau fertile d’une littérature fulgurante au XXe siècle. Songeons qu’entre 1890 et 1935 il s’en est quand même passé de notables.

SPiR. : Comment expliquez-vous le relatif silence qui entoure actuellement son œuvre ?

Vincent G. : Un silence de plus en plus éloquent grâce à M. Lugan et au blog des Féeries Intérieures, un silence dû à un manque cruel de rééditions et d’études. Hélas ! la poésie est souvent l’alliée, malgré elle, du silence. Il appartient aux amateurs de rompre cela.
Nota : Pour lire les entretiens précédents, cliquez ici ; pour répondre à votre tour au questionnaire, réclamez-en un exemplaire .

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