Au moment où je pensais clôturer l'Enquête sur le Symbolisme lancée il y a deux mois, qui, il faut bien l'avouer, ne passionna pas alors la foule des visiteurs, m'arrivent deux réponses inespérées qui relanceront, - qui sait ? -, l'intérêt des amateurs...
Pour y aider, je redonne, avant les réponses nouvelles, le libellé de l'Enquête qui s'était quelque peu égaré dans les profondeurs du blog.
"QUELLE PLACE POUR LE SYMBOLISME DANS L'HISTOIRE LITTÉRAIRE ?"
I. - Le symbolisme constitue-t-il une fin, celle d'une période littéraire ouverte par les romantiques, ou constitue-t-il le début de la modernité ?
II. - On trouve, sous l'appellation "symbolistes", en plus des noms des maîtres sus-cités, ceux de plusieurs romanciers, dramaturges ou poètes qui, en leur temps, se sont démarqués du mouvement ou n'ont fait que le traverser. Quels sont pour vous les symbolistes stricto sensu ?
III. - Quelle influence les symbolistes ont-ils exercée sur les mouvements/écoles ultérieur(e)s (naturisme, futurisme, cubisme, orphisme, paroxysme, dramatisme, surréalisme, etc.) ?
IV. - Quelles sont parmi leurs "conquêtes", celles qui vous semblent avoir été poursuivies par les générations qui leur ont succédé ?
V. - Existe-t-il des chefs-d'oeuvre symbolistes ? lesquels ?
Gamaël LUNIK
(doctorant en littérature française)
I. - Le mouvement décadent constitue l'expiration de la période initiée par les romantiques. Le symbolisme, qui fut moins un mouvement (encore moins une école) qu'une mouvance, marque, pour moi, le début de la modernité - celle-là même qui, comme le notait Christian Buat, renoue avec le baroque.
II. - A l'exclusion des maîtres (Mallarmé, Rimbaud, Villiers de l'Isle-Adam), s'inscrivent dans cette mouvance, les vers-libristes (Francis Vielé-Griffin, Gustave Kahn, Edouard Dujardin), les dramaturges (Maeterlinck, Roinard et Saint-Pol-Roux), les conteurs (Remy de Gourmont, Marcel Schwob)...
III. - Un bon signe de l'influence évidente (positive ou négative) du symbolisme sur les ismes qui lui ont succédé : l'acharnement de tous, exception faite du surréalisme - pour lequel la question n'avait que peu d'intérêt -, à produire son acte de décès ou des preuves de son insuffisance dans leurs manifestes; ces ismes affutèrent les outils symbolistes, simplement. Il y a une autre mouvance, non citée dans l'enquête, qui s'opposa terme à terme au symbolisme, et s'imposa progressivement dans le champ littéraire entre 1900 et 1925 : c'est le classicisme - d'où, après-guerre, une nouvelle résurgence baroque (dada & surréalisme).
IV. - La libération du vers, l'effacement des frontières génériques, l'importance donnée à l'image dans la qualification poétique : d'une certaine manière, la subordination de la littérature à la poésie.
V. - La Princesse Maleine, D'un pays lointain & Les chevaux de Diomède, La chevauchée d'Yeldis, La Dame à la Faulx, et pourquoi pas la première version de La Ville ?
(prépare une thèse sur Les manifestes littéraires, a préfacé, aux éditions
des "Mille et une nuits", l'Introduction à la stratégie littéraire de Fernand
Divoire et Contre la littérature facile de Désiré Nisard)
I. - Pour moi, sans conteste, le début explosif d'une certaine modernité poétique.
II. - Les symbolistes stricto sensu ? Connais pas... : le Moréas d'avant l'Ecole romane, peut-être, H. de Régnier ou Maeterlinck ?
III. - Une influence : la synthèse des genres.
IV. - Deux conquêtes dont on a usé et abusé : la libération du vers et la dimension symbolique du langage.
V. - Plus que des chefs-d'oeuvre, un je ne sais quoi d'indicible : Les Illuminations, Bruges-la-Morte, Pelléas et Mélisande.
Nota : Envoyez vos réponses à harcoland@gmail.com.
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