dimanche 9 octobre 2011

Saint-Pol-Roux, Einstein et Max Jacob (par Michel Kerninon)

Dans son article du Télégramme de juillet 1968, précédemment cité, Jim E. Sévellec rapporte une conversation de Saint-Pol-Roux avec Max Jacob (1876-1944), qu'ils auraient eue un jour qu'ils se promenaient "tous les deux sur la lande". Après avoir noté les "nombreuses conversations politiques qu'[il a] eues avec le maître", Max Jacob apporte un éclairage intéressant sur la conception esthétique de Saint-Pol-Roux à propos de la peinture.
Ce témoignage figure dans la préface de Max Jacob au livre d'Auguste Bergot intitulé Le tombeau de Saint-Pol-Roux. Saint-Pol-Roux évoque la nécessité pour le créateur de s'affranchir des conventions et des influences qu'il a pu subir durant sa formation et sa jeunesse. Voici la fin de ce passage : "... un Cézanne, un Gauguin, un Van Gogh, pour ne citer que les plus grands, n'ont vraiment fait éclater toute la portée de leur génie que lorsqu'ils ont produit hors de toute influence."
Un autre extrait me paraît aussi très précieux dans le feuilleton de Jim E. Sévellec publié dans Le Télégramme. Les autorités militaires d'occupation, rappelle en substance Jim E. Sévellec, avaient fait la promesse de protéger le manoir de Cœcilian après le drame. La promesse ne fut pas respectée, on le sait. Car le saccage du manoir eut lieu au tout début d'octobre, soit quelques mois après le drame de la nuit du 23 juin 1940.
Jim E. Sévellec émet une hypothèse quant aux commanditaires du sac du manoir. Voici ce qu'il écrit : "Quelle fut la raison pour laquelle, les Allemands saccagèrent le manoir ? Il semble que les autorités d'occupation de Camaret aient tenu la promesse qu'elles avaient faite de respecter la maison de Saint-Pol-Roux. Alors, quels furent les vandales qui se chargèrent de l'opération ? Beaucoup d'amis du poète se sont souvenus qu'il s'était, dès 1933, dans un article écrit pour une revue parisienne, élevé avec indignation contre les traitements inhumains que le régime nazi faisait subir aux juifs. De là à penser que des ordres étaient venus d'un organisme hitlérien pour perquisitionner, piller et mettre à sac le cabinet de travail du maître, il n'y a qu'un pas. Fut-ce l'œuvre de la Gestapo ou d'une autre police du régime ? On n'a jamais éclairé le mystère."
Jim E. Sévellec indique en note que l'article de Saint-Pol-Roux a été publié en 1933, date de l'arrivée de Hitler au pouvoir. L'article intitulé "La supplique du Christ" est dédié à Albert Einstein. Le physicien a dû quitter l'Allemagne précisément en cette fin d' année 1933. ll y subissait de violentes attaques pour ses origines juives et ses convictions pacifistes étaient affirmées. La maison d'Albert Einstein, située à Caputh, près du lac de Havelsee, dans le Brandebourg, avait été mise à sac au début de l'année 1933.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"à Monsieur Langevin,
ami des poètes et du passé,
ces pages sur mon vieil ami
Saint-Pol-Roux dont la fin
shakespearienne couronne l'oeuvre
aux mille facettes,
cordialement,
auguste Bergot."

Mikaël Lugan a dit…

Sur lequel des volumes de la trilogie bergotienne consacrée au Magnifique, cet envoi ?

Anonyme a dit…

En ouverture d'un exemplaire du "Tombeau de Saint-Pol-Roux",accompagné de ces précisions de situations dans l'espace et le temps:Brest,octobre 1956.

Mikaël Lugan a dit…

Merci pour ces précisions.